Henriette DUBOIS (1920-2018)

 dite “Nelly”
Officier de la Légion d’honneur  – Agent de liaison de l’état-major FTP Zone Sud – Co-fondatrice du MRA – Co-présidente nationale de l’ANACR

13391581_275797702808634_2489286264283082291_oJe manque un peu d’aisance pour raconter ma vie de Résistante et les motivations qui m’ont poussée à faire partie de cette « armée des ombres », de ces milliers de femmes anonymes qui ont, malgré les circonstances différentes de leur engagement, sacrifié de belles années de leur jeunesse et, pour certaines, leur vie dans un combat commun : contre les fauteurs de guerre, contre le fascisme, pour la liberté et le respect de la vie.
C’est le soulèvement factieux déclenché par le Général Franco et la guerre qui s’en suivit contre la jeune République Espagnole, qui me poussa à militer. J’adhérais en juillet 1936 ( j’avais 16 ans) aux « Jeunesses Communistes ». Ce fut mon premier combat antifasciste contre Hitler et Mussolini qui fournissent armes et munitions, escadrilles de chasse et bombardement aux factieux. Ce combat se poursuivra tout naturellement après la chute de la République espagnole contre les mêmes fascistes qui asservirent notre pays.
Les communistes furent les premiers à subir une féroce répression : arrestations, détentions arbitraires en camps et prisons, exécutions en application du décret « SEROL » ; familles dispersées, pourchassées : impossible de rester passive, c’est naturellement que le combat continuait selon ses moyens ; taper, imprimer des tracts et journaux, assurer les liaisons et la solidarité envers les emprisonnés.
C’est ainsi que le séjour à Nice devenu trop dangereux, je fus affectée comme agent de liaison à l’Etat-Major de Francs Tireurs et Partisans (F.T.P.) zone Sud à Lyon, d’octobre 1943 à la Libération.
60 ans ont passé ! Que reste-t-il de notre furieuse envie de vivre un avenir que l’on pouvait espérer radieux pour nous, nos enfants et petits enfants. En établissant le programme du Conseil National de la Résistance, celle-ci faisait œuvre de paix et ouvrait la voie à un ordre social plus juste et progressiste, d’où la violence, le racisme, la xénophobie auraient disparu. Notre déception présente est à l’image de notre enthousiasme passé ; je ne peux oublier mes Camarades fusillés un jour d’été dans un champ fleuri ou torturés à mort ; tant que je le pourrai, je dirai à mes petits enfants et arrière petits-enfants qu’ils doivent connaître le passé pour préserver leur avenir, qu’ils n’acceptent jamais la servitude, qu’ils se battent pour leur dignité en toutes circonstances.