Antoine CONSO (1912-2013)
Chevalier de la Légion d’honneur – L’un des mutins de la centrale d’Eysses – Déporté au camp de Dachau – Co-fondateur du MRA – Président de la FNDIRP 06
29 avril 1945 : je suis à l’infirmerie du camp de Dachau, où j’ai été évacué après avoir été laissé pour mort au Kommando d’Augsbourg, ayant été sauvagement battu et ne pouvant plus uriner. Hospitalisé depuis un mois, j’ai repris des forces et du poids, bénéficiant de la solidarité “alimentaire” du Comité clandestin français du camp.
Depuis hier la canonnade se rapproche. Tout le camp attend l’arrivée des Américains. Soudain, les détonations crépitent de plus en plus fort. Des cris de joie. Nous sommes libres. Des soldats Américains viennent nous voir à l’infirmerie. Ils sont acclamés et applaudis par les malades. Fini la hantise de la mort, les cadavres, les humiliations, les coups, la faim, le froid. Nous ne sommes plus des bêtes affolées toujours battues.
De suite, rapide amélioration de la nourriture grâce aux vivres apportés par les Américains. Mais le typhus sévit de plus en plus. De nombreux déportés meurent après avoir été libérés. D’autres pour avoir trop mangé. A mon tour, je suis frappé par le typhus. Le général Leclerc m’envoie sur le lac de Constance le 20 mai et je ne retourne à Nice qu’à la mi-juin.
Accueil inoubliable de mes camarades de travail de la compagnie du Gaz et de l’Electricité de Nice, qui me remettent une coquette somme d’argent. La compagnie m’accorde deux mois de congé. J’ai été très favorisé par rapport à d’autres déportés sur le plan matériel. Profitant de ce pactole inattendu, j’entreprends un voyage de promesses à tenir, voyage éprouvant auprès des parents des camarades morts à Dachau du 29 avril au 20 mai, à La Londe, à Toulouse, à Saumur, à La Flèche, à Caen.
Le 1e octobre, je reprenais mon travail à la compagnie du Gaz et de l’Electricité de Nice.